En vogue depuis deux décennies, le jardin naturel, également appelé jardin sauvage, est un jardin qui ne cherche pas à imposer une mise en scène ornementale, mais laisse au contraire la part belle à la nature et favorise la biodiversité. Abritant essentiellement une flore indigène, il offre également refuge à la petite faune locale. Cultivé avec un minimum d’intervention et des méthodes respectueuses de l’environnement, c’est un lieu de préservation de la nature.
Cette fiche pratique vous donne toutes les clés pour créer un jardin naturel.
1. Faites une large place aux plantes indigènes dans votre jardin naturel
Sans bannir de votre jardin absolument toute variété horticole, privilégiez les plantes indigènes qui poussent naturellement dans votre région : vous offrirez ainsi un conservatoire naturel aux plantes qui présentent le plus d’intérêt pour la faune locale. Cerise sur le gâteau, ces plantes, adaptées au sol et au climat locaux, pousseront sans entretien.
- Observez les végétaux qui poussent naturellement dans les friches et les lisières près de chez vous et récoltez leurs graines.
- Conservez les plantes qui viendront s’installer spontanément chez vous.
- Semez des graines de fleurs sauvages :
- annuelles (coquelicot, bleuet des champs, etc.) ;
- bisannuelles (bouillon blanc, chicorée sauvage, etc.) ;
- vivaces (marguerite des prés, scabieuse, petite pimprenelle, etc.).
Bon à savoir : certaines pépinières se sont spécialisées dans les graines de fleurs sauvages, vous les trouverez facilement sur Internet. Il existe également des associations promouvant les jardins naturels et proposant une banque de graines.
2. Cultivez des plantes mellifères
Les plantes mellifères produisent du nectar indispensable aux abeilles et autres insectes butineurs et aux oiseaux nectarivores. N’hésitez pas à les cultiver dans votre jardin naturel.
Voici une liste de plantes mellifères, dont plusieurs sont indigènes : bourrache, lierre grimpant, mélilot blanc, phacélie à feuilles de tanaisie, sainfoin, trèfle, vipérine, lavande, romarin, thym, sauge.
Parmi les arbres et arbustes, le choix est également large : amandier, framboisier, merisier, pommier et poirier communs, arbousier, buddléia, érable champêtre, érable sycomore, robinier faux-acacia, seringat, sumac de Virginie, tilleul, viorne aubier.
3. Entourez votre jardin naturel de haies champêtres
Composée d’espèces variées incluant le maximum de végétaux indigènes, la haie champêtre est le refuge naturel des oiseaux, mais aussi de toute une petite faune qu’elle abrite et nourrit.
- Observez les haies délimitant les champs de votre région et prélevez des boutures.
- Cultivez en particulier le charme, le noisetier, et surtout les arbustes fournissant des baies ou des petits fruits aux oiseaux : aubépine, églantier, prunellier, houx, sorbier, sureau…
- Évitez enfin de tailler les haies au moment de la nidification des oiseaux.
4. Transformez votre pelouse en prairie naturelle
Non seulement la pelouse traditionnelle n’offre aucun intérêt en matière de biodiversité, mais elle demande d'importantes quantités d’eau, des engrais et des produits de traitement incompatibles avec le jardin naturel. Si vous avez une telle pelouse, transformez-la petit à petit en prairie naturelle qui offrira abri et nourriture aux insectes.
- Commencez par supprimer les tontes et contentez-vous de faucher deux fois par an, en fin de printemps et à l’automne. Au printemps, pratiquez la fauche tardive (pas avant fin juin), pour préserver les insectes et oiseaux qui nichent au sol. Laissez les résidus de fauche quelques jours sur place avant de les ramasser.
- Cessez absolument tout apport d’engrais, la prairie s’installant mieux sur un sol pauvre.
- Accueillez toutes les espèces végétales qui s’inviteront progressivement dans votre prairie : cardamines, buglosses, achillées, carottes sauvages, euphorbes, petit cyprès, lotier corniculé, etc.
À noter : si vous le souhaitez, continuez à tondre juste un endroit, par exemple pour les jeux des enfants.
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5. Laissez des abris naturels pour la faune
Évitez de trop « nettoyer » votre jardin, mais laissez au contraire au fond du jardin et au pied des haies des abris pour les insectes, les rongeurs et les hérissons :
- des tas de bois, de cailloux ou de feuilles ;
- des souches d’arbres ;
- un tronc creux…
Si vous avez des massifs de fleurs, attendez le printemps pour enlever les tiges mortes, là encore pour laisser des abris aux insectes pendant l'hiver.
Si vous le pouvez, une petite mare attirera les batraciens, les oiseaux, les papillons, les libellules et d’autres insectes. Afin que les animaux viennent s'y désaltérer sans problème, aménagez ses bords en pente douce.
6. Limitez vos interventions et banissez les produits chimiques du jardin sauvage
Le jardin sauvage ne nécessite que peu d’intervention de votre part. Autant que possible, favorisez la spontanéité d’un jardin en mouvement et laissez les plantes s’installer comme elles le veulent et se ressemer à leur gré. Intervenez uniquement pour :
- éviter que certaines espèces envahissent trop les autres et les fassent disparaître ;
- faucher deux fois par an les endroits qui le nécessitent ;
- tailler (très peu) les haies.
Votre jardin naturel ne peut se concevoir autrement que sans engrais ou pesticides chimiques. Dans la mesure où vous cultivez surtout des plantes indigènes, vous n’en aurez d’ailleurs pas besoin. Si vous avez également des végétaux horticoles ou si vous cultivez des légumes, adoptez les règles suivantes :
- Utilisez uniquement des engrais naturels : compost, fumier, engrais verts, purin d'orties, engrais bio à base de poudres d'algues, sang séché, corne broyée, etc.
- Luttez naturellement contre les mauvaises herbes : paillez vos plantations, désherbez manuellement ou utilisez le désherbage thermique.
- Luttez biologiquement contre les parasites et maladies en ayant recours à des produits naturels (décoctions, purins) et en pratiquant la rotation des cultures et la technique des plantes compagnes au potager.
- Au potager comme au verger, cherchez à prévenir plutôt qu'à guérir.